Lou y es-tu ?

Petite couette sur le côté, cheveux en bataille, elle s’avance doucement dans la salle lumineuse, sans murs, sans son. Une pièce vide et en même temps pesante, qui laisse la petite un peu perplexe. Le sol est là pourtant on dirait qu’il n’y a rien, qu’elle marche sur un nuage de cendres blanches, sur le passé. Sa respiration était lente et profonde, comme si elle attendait le jugement dernier. Comme si la fin était proche et que tout ça allait cesser.


Passer sa vie loin des gens, c’est une chose possible pour notre chère petite. Oui, il faut dire qu’abandonnée à la naissance, elle n’a jamais connu ses parents. On raconte qu’elle a été retrouvée six ans plus tard, dans les bois, entourée de loups. D'où le nom de Lou. Personne n'osa lui attribuer un nom, elle était bien juste avec son prénom, cela la caractérisait mieux, montrait son côté sauvage. Bien qu’elle soit adorable, elle a un tempérament bien trempé et elle refusait catégoriquement de restée près de la foule, chaque jour elle retournait en courant dans les bois les voir. Eux, les êtres au pelage brunâtre et aux crocs aiguisés.



En s’avançant, elle aperçut des écrans. Etrange, ils étaient fluorescents, enfin non, ils brillaient et des choses défilaient dessus. Elle les lisait attentivement, on aurait dit des ordinateurs, en plus sophistiqués. Des choix s’offraient à elle, ils parlaient d’humain, de modification et d’hybrides. Elle hésita. Lou savait bien ce qu’était un hybride. Un mélange. D’un humain et d’un animal. Alors, instinctivement elle cocha hybride. La petite louve qui porterait des oreilles délicates, une queue touffue et surtout des griffes à la place des ongles. C’était bien comme ça. Du punch et de la délicatesse. Un loup quoi.


Mais ce jour-là, c’était différent. Lou emporta avec elle sa peluche, un bout de tissu tout cramé et qui sentait le bois fumé. Elle voulait le montrer à sa mère-louve, lui dire qu’elle avait des amis. Simplement, la tanière était vide, pourtant l’heure était la même, tout était pareil. Ou presque. La vie est une chose précieuse que les gens ne prennent pas souvent en compte. La petite partit à sa recherche, seule, gambadant dans la forêt. Alors ôter la vie à quelqu’un est-ce quelque chose de bien ma petite Lou ? Est-ce que la vengeance est un plaisir que tu peux te permettre ? Elle arriva aux abords de la clairière lorsqu’elle se figea. Le pelage rougissait l’herbe alentour, un homme se tenait accroupi du cadavre et tenait un fusil de chasse en main. Lou hurla à faire s’envoler les oiseaux et fonça sur l’homme, qui prit fuite. Elle pleurait toutes les larmes de son corps, caressant la bestiole doucement, lui disant que tout irait bien.

Mais rien n’allait bien, ta vie était anéantie par un chasseur amateur. Alors tu pensais, à une vie meilleure. Cette vie meilleure était devant toi, dans ce livre qui était apparut devant le cadavre. Tu l’attrapas, curieuse et l’ouvrit là où la page était un peu pliée. Une marque de main, plus grande que la tienne, amusée tu y posas doucement tes empreintes.

Et tu succombas.

© ASHLING POUR LIBRE GRAPH'