Avez-vous déjà eu l'impression de ne pas appartenir à ce monde ?
Axelle détourne son regard du ciel pour regarder les enfants qui courent dans tous les sens. Elle remarque rapidement que ses camarades de classe jouent à chat. En se relevant, un sourire prend place sur son visage et elle s'élance. Les discussions qui s'élevaient auparavant autour d'elle l'avaient plus qu'ennuyer et elle avait dû se résigner à faire semblant de dormir pour y échapper. Mais l'herbe avait fini par la gratter et cette distraction était bienvenue pour l'éloigner du vide qui commençait à prendre place à force de faire semblant d'être contente de se trouver avec eux. Mais il ne faut absolument pas qu'elle déçoive ses parents. Les deux chercheurs n'ont que peu de temps à lui accorder et elle préfère le passer à s'amuser en leur compagnie plutôt que de se plaindre. Les jeux, c'est ce qu'elle adore par dessus tout.
Ne vous êtes-vous jamais demandé quelle est notre place ?
Les yeux fixaient sur le professeur, Axelle essaye de faire abstraction du bruit des conversations résonnant dans tout l’amphithéâtre. Elle savait déjà que Sidney était une grande ville mais elle ne pensait pas qu'autant de personnes seraient intéressées par la psychologie et encore plus l'étude du comportement humain. Elle s'était découvert un certain talent pour déceler le moindre petite geste inhabituel chez les autres, probablement à force de se plonger dans toutes sortes de jeux. S'être lancée dans cette filière est la plus belle chose qui ait pu lui arriver. L'ennui ne pointe jamais le bout de son nez puisqu'elle a une source constante d'informations à enregistrer. Et puis cela ravit ses parents puisqu'ils pensent qu'elle deviendra chercheuse tout comme eux. Mais elle n'en sait rien en réalité. Elle grimace en voyant le professeur gribouillait le tableau de cours qu'ils ont déjà vu. Il ne lui reste plus qu'à lancer un de ses nombreux jeux.
La vie a-t-elle vraiment un sens ?
L'hésitation se fait de plus en plus grande quand son regard tombe sur la pile de dossiers accumulés devant elle. Finalement, Axelle laisse chuter sa tête sur son bureau à la grande surprise de ses collègues. Ca ne fait que peu de temps qu'elle a obtenu ce poste et déjà celui-ci l'ennuie. Comment s'est-elle débrouillée pour finir employée de bureau dans une entreprise locale. Oh, elle n'a aucune raison de se plaindre : le salaire est honnête et suffit à lui payer le loyer de son studio et les factures. De plus, elle semble appréciée par les autres, comme à chaque fois. Mais impossible pour elle de se résoudre à tourner le dos à ses études, et elle ne peut s'empêcher d'observer chaque geste autour d'elle. Cela révèle tellement de choses sur ses collègues, notamment qu'ils prétendent bien des choses les uns en face des autres. Elle ramasse ses affaires et quitte la pièce. Hors de question qu'elle revienne le lendemain. Qui plus est, les grands espaces clos lui ont toujours donné mal au crâne à cause des échos.
Tu n'aimes pas ce monde dans lequel tu vis ?
Axelle tourna la tête de chaque côté pour vérifier qu'elle était bien seule. Cette voix lui était inconnue mais s'était bien répercutée contre les murs du bureau. Pourtant, il n'y avait qu'elle et son PC qui diffusait en bruit de fond les sons d'un combat. Le jeu avait dû lui monter à la tête, il fallait qu'elle prenne une pause. Une bouteille d'eau à la main, elle s'approcha de la bibliothèque avec le but de ressortir l'un de ses vieux livres de psychologies. Elle arrête cependant sa main : un bouquin inconnu se trouve au milieu de l'étagère dédiée à la synergologie. Interloquée, elle s'en empare et l'observe sous toutes les coutures. Jamais elle n'a vu ce livre, il est donc impossible qu'il se retrouve là. Tournant la couverture, elle le feuillette rapidement pour se rendre compte qu'il n'y a qu'un page porteuse d'encre. L'effleurant rapidement pour savoir si rien n'était caché sous l'empreinte. La suite n'était pas prévue.
Je le hais plus que tout !
Axelle atterrit dans un étrange couloir. En tournant la tête, elle se rend compte qu'elle ne peut aller que d'un côté. La sortie débouche sur une grande salle vide mis à part un écran géant. Elle y reconnait l'écran type de la personnalisation d'un personnage. Elle y inscrit son nom, son âge et hésite un moment face à une simple question : souhaitait-elle être modifiée ? Avec un sourire, elle décline cette possibilité et tout devient flou encore une fois. A son réveil, Axelle se trouve dans une chambre totalement inconnue et un paysage improbable s'étend sous la fenêtre. Ses yeux brillent alors qu'elle s'en approche. Cet endroit est fait pour elle, aucun doute là-dessus.
J'ai enfin trouvé ma place.